24 janvier 2012
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Le bouc emissaire
René Girard
René Girard, anthropologue, est l'élaborateur de la théorie du désir mimétique : "tout groupe d'homme est travaillé par des mécanismes de mimétisme, d'imitation et de jalousie réciproques, qui sont inéluctablement générateurs de violence. Chacun désire ce que désire l'autre, puis imite les manières de l'autre de désirer, etc. A l'occasion ou sur un rythme plus ou moins cyclique, la fièvre de cette compétition sans issue culmine dans une crise qui menace la cohésion du groupe. Cette remarque qui à prime abord peut paraître anecdotique fonde en fait un principe extraordinairement puissant et général qui permet d'éclairer la quasi-totalité des comportements individuels et collectifs, des scènes de ménage jusqu'aux plus vastes phénomènes historiques depuis l'aube de l'humanité jusqu'aux temps actuels" (Michel Tregger, quand les choses commenceront, Arléa).
Après "Mensonge romantique et vérité romanesque" et "La violence et le sacré" dans lesquels le philosophe élabore sa théorie du désir mimétique et "Les choses cachées depuis la fondation du monde" où simpose le concept de bouc émissaire, Réné Girard s'attache à analyser comment les premières sociétés ont résolu leurs crises mimétiques en chargeant une victime émissaire de tous les péchés du groupe et en la sacrifiant, que ce soit chez les aztèques, pendant la chasse au sorcière, ou pendant les vagues d'antisémitisme au moyen âge. Des analyses lumineuses des mythologies nordiques, grecques, et surtout des mythes des évangiles, mettent en exergue ce système de fonctionnement humain qu'est le bouc émissaire.
Grand classique de philosophie et d'anthropologie, le bouc émissaire est une oeuvre incontournable et un grand exercice de lucidité sur soi-même et la société. Les élections présidentielles pendant lesquelles les théories girardiennes vont être en pleine lumière seront l'occasion idéale pour lire, relire, ou faire partager cette oeuvre.
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Philosophie
30 novembre 2009
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Marcel Conche
Pyrrhon ou l'apparence
Marcel Conche nous livre dans cet ouvrage passionant son interprétation du Pyrrhonisme.
Pyrrhon d'Elis était un philosophe sceptique du IVe siècle avant Jesus Christ qui participa aux expéditions d'Alexandre le Grand en Inde. C'est au cours de ces voyages que le philosophe grec rencontra les "gymnosophistes" (yogis hindous) qui eurent une influence considérable sur sa pensée, notamment à travers leur pratique de la méditation. Il connaîtra là bas une révélation sur "l'irréalité de tout ce qui semble réel".
La philosophie de Pyrrhon est fondée sur le refus du principe de contradiction (dire que tel arbre est vert équivaut à dire qu'il est blanc) ou le "ou mallon" (pas plus ainsi que non ainsi). Pyrrhon remet ainsi en question l'idée d'être et de tout ce qui est, annihilant par là même la différence entre être et apparence, principes fondamentaux pour Aristote, mais également les vérités du discours.
Pour illustrer ses théories, Pyrrhon discourait avec une ironie perpétuelle, déambulant accompagné de ses disciples chargés de lui faire éviter les obstacles (ravins, fosses, arbres), qu'il "niait". L'ironie constante à l'égard de son propre discours créait un paradoxe, démonstration de la vérité (les mots disent le néant de ce qu'ils disent). Selon Conche, l'ironie pyrrhonienne opère un renversement : l'être ne peut jamais que sembler être, et le discours sur l'être n'est jamais qu'un semblant de discours. Elle opère le dépouillement de l'homme et remet en question le langage même, celui ci creuse et dédouble l'apparence, celle ci devenant "apparence de" et "apparence pour" et cessant d'être l'apparence absolue, vérité de Pyrrhon.
Le pyrhonnisme est en effet cette découverte que non dans le savoir mais dans le non-savoir réside le véritable accord avec la nature des choses...
La pensée de Pyrrhon est entièrement subordonnée à l'éthique puisque son but est d'atteindre "l'ataraxie", l'absence de trouble ou disposition d'incompréhension générale, révélation sensée apporter le bonheur (puisque rien n'est plutôt ceci que cela, rien non plus ne peut nous troubler). Elle nie les notions de bien et de mal, qui renvoient à l'être, comme elle nie la notion de substance.
Marcel Conche resitue la pensée de Pyrrhon dans l'Histoire, énumère les diverses interprétations du pyrrhonisme, ses influences (de Démocrite, sur Epicure, Sextus), ainsi que les arguments de ses opposants. Il l'envisage comme une philosophie du non-jugement qui s'en tient à l'autodévoilement de l'apparence et pour qui le fond de toute chose est l'arbitraire pur, une métaphysique de l'apparence donc, envisagée comme profonde, pure, et universelle.
Cet essai est passionnant pour découvrir le pyrhonnisme mais il peut également être abordé à travers les "esquisses pyrhoniennes" de Sextus Empiricus.
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5 octobre 2009
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Le hêtre et le bouleau
Camille De Toledo
A travers la chute du mur de Berlin et la paradoxale tristesse exprimée par Rostropovitch quand il interpréta les suites de Bach ("j'avais choisi les pièces les plus joyeuses et puis, je ne sais pas pourquoi, c'est devenu très triste"), De Toledo évoque une tristesse européenne enfouie et s'emploie à philosopher à partir de ce sentiment sur le manque de créativité dans le vieux continent.
Perte de l'Est pour les uns et perte de l'Ouest pour les autres fut synonyme de la perte d'un ailleurs souvent chimérique mais nécessaire, un besoin imaginaire source de créativité qui empêchait de tomber dans la mélancolie, qui s'était abattu sur l'Europe après la seconde guerre mondiale. De Toledo pose ainsi le thème central de son livre : "Qu'est-ce qui est tombé en plus du mur ?".
Parlant d'une europe hantée (d'où la métaphore de l'h-être, également arbre aux feuilles caduques) par son passé, fixée sur sa mémoire, obnobilée par le lourd passif commun des deux totalitarismes, en voie d'ehtnicisation des rapports à l'histoire et en pleine guerre des mémoires, De Toledo propose une nouvelle utopie pour sortir de cette hantise européenne. Utopie linguistique originale puisqu'il sagit de mettre en avant le yiddish, ce créole européen comme langue commune symbole d'une europe désenvoutée avec en partage le commun de la coupure généalogique et de l'exil.
Bel ouvrage personnel à la tonalité mélancolique, il contistue également une démarche originale qu'il serait aisé de critiquer en arguant que l'on ne peut appliquer des sentiments humains à la pensée de champs complexes et "systématiques" tels que la politique, et pourtant De Toledo tombe souvent juste et son livre ouvre des perspectives intéressantes.
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17 avril 2009
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Jean Tellez
La pensée tourbillonnaire - Introduction à la pensée d'Edgar Morin
Un ouvrage accessible à tous qui ouvre les portes de l'une des pensées les plus importantes du 20e siècle. La métaphore du tourbillon (mouvement de rotation primordial, auto-organisé, créateur, qui emporte tout ce qui l'entoure pour le transformer en énergie), est particulièrement bien choisie pour aborder la pensée vertigineuse, complexe et multi-dimensionnelle d'Edgar Morin, l'auteur de la "Méthode".
Jean Tellez nous livre ici une ouverture en symbiose parfaite avec l'homme et sa pensée qui embrasse différents champs d'investigation (anthropologie, sociologie, sciences et philosophie) et se décline sous plusieurs volets (pensées subjective et objective).
Les amateurs de Morin, philosophe de la sincérité qui ne respecte qu'une "pensée qui maintient à température celle de sa propre destruction", se retrouveront certainement dans cet ouvrage qui mêle méticuleusement la biographie au suivi de l'évolution de la pensée du philosophe, avec des explications claires et précises des notions et concepts clefs.
De la perte essentielle de sa mère au Berlin de l'après-guerre, à la Californie, en passant par l'enquête de Plozévet, d'une "Autocritique" fondamentale à la "Politique de civilisation", on retrouve tous les éléments du tourbillon Morin, philosophe en action, pour aboutir à un riche entretien dans lequel le philosophe revient sur son histoire, ses "démons", et se livre sur ses "vérités"...
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16 mars 2009
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Paul Audi
"La fin de l'mpossilbe" (Bourgois)
Paul Audi, spécialiste des questions d'éthique et d'esthétique, nous livre dans cet essai au ton personnel invitant à la confidence sa passion pour un écrivain qu'il admire et considère comme la substance même de ce que devrait être l'artiste : Romain Gary, un être qui, "face aux nécessités du réel, à l'inexorable, l'irrémissible, l'irrémédiable, l'irréversible, est une volonté panique d'espérer contre l'évidence et en même temps dans cette angoisse de sentir une fois de plus que ce n'est pas ça".
Audi, s'appuyant sur les dires et écrits de Gary, nourrit toute une réflexion passionnante sur l'artiste et la création en mettant l'écrivain slave ("extrémisme de l'âme, maximalisme, goût du dépassement") au sommet de son panthéon personnel.
Des belles formulations clins d'oeil font l'éloge de l'auteur : un homme qui "désespère de son désespoir" avec "grâce, franchise et humour", un "clown lyrique qui parlait à l'envers, se plaçant toujours à l'opposé de lui-même, pour exprimer le contraire de ce qu'il ressentait vraiment, une façon de hurler avec discrétion", un "enchanteur qui aura su faire croire en la possibilité de l'impossible et donner à la vie beaucoup plus que sa propre singularité".
Le philosophe de plaider pour un "rééxamen libératire de la notion de subjectivité", de conclure son essai sur ces mots dépités de Chestov : "toute la philosophie moderne exprime non pas ce qui fait vivre les hommes mais ce que leur souffle l'esprit de l'époque", et de poser les bases de sa philosophie esth/éthique (un accroissement des possibilités de la vie par la création), que l'on peut découvrir dans "Créer" (Ed.Encre Marine).
Un ouvrage aux perspectives passionnantes pour tous les amoureux de Gary, écrit par un véritable philosophe, avec de nombreuses références à Nietzsche, Pouchkine, Dostoïevski.
Roger-Pol Droit sur Paul Audi dans Le Monde le 20 mai 2005 :
« Depuis quelque temps, ce solitaire hyperactif commence à être reconnu pour ce qu’il devient : un de nos rares vrais philosophes, tout simplement. Voilà que les États-Unis et le Canada l’invitent et commencent à le fêter. Ses livres sont en cours de traduction aux Pays-Bas ou en Espagne. Bref, on s’avise en plusieurs lieux, qu’en France un philosophe est né. Ne soyons pas les derniers avertis. »
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23 février 2009
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Voyages extraordinaires
Lucien
Lucien de Samosate est un écrivain grec d'origine syrienne du IIe siècle après Jésus Christ. Réputé pour ses conférences philosophiques (sophiste) à travers le monde antique, il connut un grand succès populaire en relatant ses périgrinations et en publiant des dialogues humoristiques. Vers la fin de sa vie, se rapprochant d'une position cynique, il rédigera "l'histoire véritable" et le "dialogue des morts" qui consituent l'essentiel de ces "Voyages extraordinaires".
C'est peut être lassé des impressions convenues que dégageaient les cités et pays qu'il visitait ou fatigué de tout réalisme que Lucien commença la rédaction des "voyages", oeuvre dans laquelle il s'inspire des poètes et penseurs de l'antiquité pour leur honneur ou leur dérision, et surtout libère un imaginaire des plus fantaisisite.
Le recueil commence par les "histoires vraies", une vaste plaisanterie dont le lecteur est averti par ce prologue: "tout ce qui est raconté ici n'est que pure mensonge, il s'agit d'un jeu de références littéraires et philosophiques qu'il ne tient qu'à vous de découvrir".
Les "histoires vraies" sont une épopée grotesque qui se moque ouvertement d'Ulysse :
Lucien et son équipage, qui se perdent au delà des colonnes d'Hercule dans le grand océan, découvrent une île sur laquelle coulent des rivières de vins, poussent des hommes-grappes, et peuplée de nymphes dyonisaques qui retiendront trois de ses compagnons. L'équipage, parvenant à s'enfuir, se voit alors pris dans un ouragan qui les envoie sur la Lune, habitée par des êtres fantaisites en guerre les uns contre les autres. Malgré eux, les hommes s'engagent dans cette guerre fantastique et voyagent parmi les astres, avant de redescendre sur Terre pour continuer leur odyssée et se voir engloutis par une baleine géante dans laquelle pousse une forêt peuplée de tribus hostiles qu'il seront ammenés à combattre...
Echappés de la baleine, le héros et son équipage découvrent l'île des bienheureux. Peuplée des dieux et héros, gouvernée par Rhadamante, il y coule des rivières de lait et tombe des pluies de parfums, le philosophe émerveillé découvre la prairie des Champs Elysées dans laquelle il dialogue avec Homère...
C'est dans les Champs Elysées de Lucien que l'on trouve les passages les plus mordants : Socrate, ayant du mal à se désaisir de son ironie pour festoyer, agaçe Radhamante qui trouve qu'il ne fait que raconter des sornettes, et se voit régulièrement menacé d'expulsion. Platon est absent ("on disait qu'il résidait dans la cité modèle par lui, sous la constitution et les lois qu'il avait rédigé"), Pythagore postule après avoir subi "sept transformations, vécu autant d'êtres vivants et terminé les cycles de son âme". Empédocle, venu plaider sa cause le corps cramoisi, "cuit et recuit", en est rejeté...
En quittant cette île, Lucien rencontre Calypso, lui délivre un message secret de la part d'Ulysse, découvre une région infernale, se voit assailli par une cavalerie d'hommes chevauchant des dauphins et rencontre encore une multitude d'êtres extraordinaires...
La "traversée des enfers" ou le tyran qui ne voulait pas mourir est un texte moral. "Iacroménnipe" : le récit d"un autre voyage philosophico-cosmique avec des situations cocasses, dont Ménippe, philosophe cynique, est le héros. On retrouvera ce même Menippe dans l'histoire qui porte son nom : cette fois-ci, il parvient à l'aide d'un mage perse à visiter les mondes souterrains...
Le livre se termine par les "dialogues des morts", la vie quotidienne d'un monde dans lequel cohabitent les grands noms de l'histoire. Un nouvel éloge du cynisme, souvent centré sur Ménippe et Diogene, avec des situartions amusantes.


Les voyages extraordinaires de Lucien viennent d'être réédités par les "Belles Lettres" en version biingue Français - Grec ancien.
Pour faciliter une lecture des textes de Lucien avec leus multiples renvois, il peut être bon de s'armer des "mythes grecs" de Robert Graves et de la "Théogonie" d'Hésiode (arbre généalogique des divinités).
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23 février 2009
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La sagesse des Modernes
-dix questions pour notre temps-
(editions Robert Laffont)
Un livre important dicté au magnétophone par André Comte-Sponville et Luc Ferry. Conversations à bâtons rompus entre les deux philosophes les plus connus du grand public (avec Michel Onfray) et des plus consensuels.
Dialogue enlevé et assez passionnant entre un matérialiste athée (Comte-Sponville) et un humaniste transcendental (Ferry).
Des interventions de personnes aussi différentes que Bernard Fixot, Kouchner, Marek Halter et surtout Tzvetan Todorov émaillent l'échange.
On y discute tous azimuts de neurobiologie, de féminisme, du front national, de l'écologie ou de la télévision.
Un ouvrage foisonnant qui comporte certains passages ardus mais ne nécessitant pas une conaissance de la philosophie très étayée.
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12 février 2009
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Abu Hamid Muhammad Al Ghazali (1058 - 1111)
Maladies de l'Âme et maitrise du coeur
(Ed du Cerf)
Abu Hamid Al Ghazali, philosophe d'origine persane, fut un grand penseur de l'Islam et philosophe. Il rédigea des essais sur Avicenne, Al Kindi, Al Farabi, des traités de logique, avant de publier le célèbre "incohérence des philosophes", dans lequel il prône un scepticisme envers les excès de la logique aristotélicienne et les courants néo-platoniciens.
Après une carrière de juriste puis d'enseignant en philosophie dans la prestigieuse université du Bagdad des abbassides, il connut une crise existentielle qui l'amena vers le soufisme et une longue retraite mystique. C'est en tant qu'intellectuel de la mystique soufie et "sage" qu'il est le plus souvent reconnu.
Lors de cette retraite il composa une somme en guise de testament spirituel intitulée le "livre de la discipline de l'âme, de l'éducation des comportements moraux, et du traitement des maladies du coeur", dont le présent ouvrage est le livre vingt deux.
S'appuyant sur des "hadits" (dits de Mahomet dans le Coran), Al Ghazali souligne l'importance de ce qu'il appelle le "bon caractère", terme qui regroupe un ensemble d'éléments de sagesse, et nous invite à partir à sa quête.
Le philosophe commence sa démonstration en distinguant quatre traits de vertu fondamentaux à ses yeux : la sagesse, le courage, la continence et la pondération, traits de vertu qu'il estime bon de maintenir équilibrés les uns envers les autres et d'harmoniser.
Ces traits de vertu qu'Al Ghazali définit et dont il analyse les liens sont déclinés en balances d'inclinations ou de comportements dont il faut garder le juste milieu. La faculté de pondération doit ainsi permettre, par exemple, de maîtriser violence et passion conformément à notre faculté à effectuer des
discernements (sagesse)...
Une philosophie du juste milieu et une quête d'harmonie (avec des influences jaïnistes et chrétiennes), dont émergera également une certaine idée de la beauté, qui ne pourra que séduire le lecteur attentif...
Al Ghazali, docteur de l'âme, par ses profonds discernements, sa clarté d'analyse, sa très grande intelligence et son sens aïgue de la psychologie humaine, est une merveilleuse initiation à l'âge d'or de la pensée musulmane et à la mystique soufie.
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9 février 2009
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Jean Paul
Etre là dans l'existence
Johann Paul Friedrich Richter dit "Jean Paul" était un romancier et philosophe allemand de la fin du XIXe siècle. Ses romans les plus connus sont "Titan" et "La loge invisible".
Considéré comme un auteur majeur du courant romantique allemand, il fut aussi un philosophe reconnu pour ses contributions à l'esthétique et à la pédagogie. Féroce athée, il s'illustra en publiant notamment un 'Discours que le christ mort a tenu du haut de l'univers sur la non-existence de Dieu".
Sa philosophie, partant d'une vision chaotique et anarchique de l'univers, prône l'humour, la dérision, la finesse et un certain détachement du monde.
Etre là dans l'existence est un recueil d'aphorismes publié par Rivages Poche dans lequel on trouve pêle mêle des profondes réflexions, des cris du coeur, des impressions, des élans poétiques, des "brèves de comptoir", des notes humouristiques et des "ras le bol".
Fantaisistes, brillants, drôles, touchants, parfois insupportables, les aphorismes de Jean Paul nous laissent globalement sonnés et déroutés pour notre plus grand plaisir. Une rencontre avec un phénomène non-identifié, un esprit inclassable.
Extraits :
"J'attaque tout et tout m'attaque"
"Je ne sais vraiment que faire de moi si ce n'est des livres"
"Plutôt décacheter des bouteilles que des lettres"
"Les hommes sont si bêtes que même Dieu a du mal à les comprendre"
"Monde de foetus."
Ou encore :
"La belle ne se pomponne pas par vanité, mais pour être imitée par le reflet de son miroir"
"L'imagination ne produit rien, elle ne fait qu'habiller ce que révèle le sens, l'intériorité"
"Ô vérité, tu es le meilleur guide de l'homme ! Mais qui nous conduira jusqu'à ce guide ? Combien de menteurs de manchots et de feux follets !"
"Certains lecteurs croient écrire en même temps qu'ils lisent ce qui est écrit ; le chien se gratte quand on le gratte".
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28 janvier 2009
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La sensibilité individualiste est un court texte de Georges Palante,
philosophe français de la fin 19e début 20e siècle.
Ni anarchiste ni liberal, Georges Palante était un philosophe atypique et solitaire, il fut enseignant dans divers lycées de France, publia un précis de sociologie et deux essais dont "La philosophie du bovarysme" et de nombreux articles. Il tint pendant plusieurs années la chronique philosophique de la revue "Mercure de France", s'intéressa fortement aux travaux de Freud, fut l'ami intime de Louis Guilloux et sa pensée influença Camus.
Ecartant les dimensions politiques et économiques de l'individualisme (sans pour autant récuser les liens possibles entre le sentiment individualiste et l'engagement doctrinal dans ces directions), Georges Palante, dans cet essai original et très personnel, s'astreint à explorer les différentes dimensions psychologiques de l'individualisme comme sensibilité ou trait de caractère.
S'appuyant sur des personalités comme Constant, Stendhal, Vigny, il élabore une définition originale, par la négative, d'une sensibilité individualiste considérée comme contraire d'une certaine sensibilité sociale ici méprisée.
Définissant le sentiment individualiste comme une quasi volonté -réactive- d'isolement voir de misanthropie du groupe, il l'aborde de manière élogieuse comme partant "de la vive conscience de la barrière qui sépare les moi, d'un vif besoin d'indépendance, de sincérité envers soi et autrui, de discrétion, de délicatesse, mais aussi un amour de la culture de la différence humaine"...
Fortement inspiré par Schopenhaueur et Nietzsche (il disingue deux types de sensibilités individualistes trouvant grâce à ses yeux : les "dyonisaques" passionnés et les "apolliniens" pondérés), le texte de Georges Palante n'en demeure pas moins très abordable et original.
Un auteur méconnu dont on commence à parler (en partie grâce à Michel Onfray), qui, lorsque l'on met de côté les accès misanthropiques réels, se révèle profond et enrichissant.
La "sensibilité individualiste" a été publié chez "Mille et Une nuits", les editions "Folle Avoine" viennent de publier sa correspondance avec Louis Guilloux.
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