Le Turquetto
Metin Arditi
Constantinople, Septembre 1531. Elie, petit orphelin, mène sa vie dans le grand bazar, de la rue des fabricants d'encre à la rue des marchands d'or. Surdoué du dessin et fasciné par les fresques de Sainte Sophie, il utilise ses talents pour la calligraphie et peint en secret des portraits de ses proches (représenter des figures humaines étant mal considéré par la religion dominante). Sous la tutelle d'Arsinée, ancienne favorite du harem du sultan, affranchie devenue entraineuse pour un marchand d'esclaves, il va faire son apprentissage du corps humain, observant en secret les tractations entre le vizir et le marchand, lors desquelles les pauvres jeunes filles capturées en Arménie ou Géorgie sont exposées nues.
Tourmenté par ses origines juives et espagnoles, frustré de ne pouvoir exercer pleinement sa passion, il profite de la venue d'un grand marchand vénitien venu acheter des esclaves africains pour fuir le grand bazar, franchir la corne d'or et négocier à Kadiköy son embarquement pour la cité des doges.
Quarante ans plus tard, Elie, devenu un peintre accompli surnommé "le Turquetto" qui a su dissimuler ses origines, reconnu par les plus grands, marié à une vénitienne, s'entiche d'une jeune modèle et se voit confier par le parvenu Filippo Cueno, en quête de reconnaissance et souhaitant illustrer un retour à l'ordre moral, une représentation de la Cène qui bouleversera le destin du génial Turquetto...
Formidable fresque à travers les magnifiques Constantinople et Venise, Metin Arditi a su, à travers le destin d'Elie, constituer un prisme d'une époque troublée, véritable tournant historique pour chaque communauté européenne où se mêle la révolution artistique de la Renaissance.
Une merveille de cette rentrée littéraire.