Boris Khazanov
L'heure du roi
Dans un petit royaume imaginaire qui pourrait se comparer à la République Tchèque ou au Danemark, règne le bon roi Cédric X, médecin de formation. Simple, rêveur, régnant avec douceur sur un peuple aimant et désarmé, il voit l'horrible machine du IIIe reich guidée par le führer envahir son pays.
Abattu, soucieux du maintien de l'ordre, il assiste passivement à l'occupation et essaie de maintenir la paix coûte que coûte. Sa cavalerie, telle l'amée polonaise, tentant une offensive désespérée contre les troupes allemandes et ceux-ci, commençant les persécutions raciales dans le royaume, Cedric X va petit à petit voir sa conscience se réveiller et le pousser à commettre un acte de rebellion d'un courage inouï...
Au delà de ce qui pourrait s'apparenter à un simple hommage tragi-comique aux résistances de l'est pendant la guerre et le Blitzkrieg, Boris Khazanov nous offre par son ton et surtout sa narration historique une réflexion profonde sur le totalitarisme, le pouvoir, la folie et l'antisémitisme dans une nouvelle profondément humaine.
"Du point de vue des notions abstraites et dépassant l'entendement humain - l'Histoire, la Nation, la Politique, ces avortons sinistres de la philosophie hégélienne -, tout cela avait probablement un sens. Du point de vue d'un être humain, l'affaire relevait de l'absurde. La répugnance et la tristesse que fit naître l'identification avec son pays enfant renversé d'un coup de poing par un bandit plongèrent Cedric non pas dans le désespoir, mais dans un état connu des malades mentaux : le sentiment d'irréalité... Or le spectacle absurde dont le souffle naissait précisément de son invraisemblance totale, n'était pas une mystification, ni du délire, ni une fiction littéraire, mais la vraie réalité."
Un roman philosophique sur le thème de l'absurde qui renvoie dos à dos les deux grands totalitarismes du XXe siècle. Interdit en Union Soviétique, "L'Heure du Roi" fut d'abord édité en Israël en 1977, puis en France en 2005. Boris Khamazov (qui passa 8 années au Goulag), est aujourd'hui considéré comme une figure de la contestation Russe. La postface de la traductrice Elena Bozano nous aide à saisir toute la portée de son oeuvre.