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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 18:49

Couleur de fumée

Menyhert Lakatos

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Menyhert Lakatos est un écrivain hongrois du milieu du vingtième siècle appartenant à une communauté Rom sédentaire, « Couleur de fumée –une épopée tzigane- » est son grand roman autobiographique qui fut salué comme une œuvre majeure de la littérature est-européenne.

Couleur de fumée est un festival de vie à fleur de peau, au cœur de la misère, la violence, la débrouille et les persécutions. Nous sommes plongés au cœur d’une communauté soudée qui vit la vie dans tous ses extrêmes, ses possibles, ses paradoxes, avec une violence verbale et une brutalité incomparable, mais dont il se dégage un parfum de liberté profonde.

De ses premiers amours précoces et sa découverte de la femme désidéalisée, ses trafics et emplois saisonniers pour les moissons à sa scolarisation chez les hongrois qui implique brimades, stigmatisations, manipulations, et peur du rejet de sa communauté dont il devient néanmoins la fierté et le sage, Lakatos se fait symbole de son peuple au XXe siècle et nous offre une œuvre à l’égal de la promesse de l’aube pour ses déchirements, sa richesse poétique, sa lucidité, clairvoyance, finesse psychologique, ses métaphores sur l’homme européen et son siècle.

La nostalgie du voyage et la préscience de la dévoration ou le « porajmos » qui décima près du quart de la population Rom, à travers notamment les prophéties poétiques du vieux Papou (« Vous verrez… Il y aura la guerre, une très grande guerre. L’aigle qui a caché la lumière du soleil se nourrira de chair humaine. Les morts seront si nombreux qu’il ne restera plus assez de vivants pour les enterrer ») hantent cette œuvre qui s’achève au moment de l’invasion allemande et qu’on ne se lassera pas de lire et relire comme un classique incontournable de la littérature européenne.

Un petit dictionnaire d’expressions romani qui foisonnent dans ce roman accompagne l’ouvrage publié par Actes Sud.

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19 octobre 2011 3 19 /10 /octobre /2011 15:43

Oliver VII

Antal Szerb

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Dans le paisible royaume d’Alturie, réputé pour sa « dolce vita », son bon vin et ses sardines, règne Oliver VII, un roi qui n’aurait jamais voulu gouverner.

 Héritant d’une situation financière catastrophique, d’un Etat laissé en faillite par un prédécesseur adulé mais dépensier et rêveur, il va se voir proposer un plan de redressement économique qui mettra le royaume sous la quasi-tutelle du voisin Nordlandais. La nouvelle fuite et, s’accumulant au climat d’austérité provoque la révolte du peuple alturien, mené par le « capitaine inconnu », qui marche sur le palais pour renverser le monarque…

En exil à Venise, Oliver VII coule des jours paisibles, s’adonnant à ses passions pour l’art et pouvant enfin vivre une vie normale et voir le monde du « bas du trône », quand il va être rappelé par sa patrie et en arriver à jouer lui-même son propre personnage…

Un roman aux multiples renversements qui  provoquent des questionnements passionnants sur l’identité et la condition humaine, dans un style typique de la littérature hongroise où l’absurde est omniprésent.

Oliver VII a été publié pour la première fois en 1942, il vient d’être réédité par les éditions Viviane Hamy.

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3 février 2009 2 03 /02 /février /2009 22:14
                                  Dezsö Kosztolanyi : "Le traducteur cleptomane"

Viviane Hamy a publié il y a deux ans ce très bon recueil de nouvelles de Koztolanyi, auteur hongrois à succès du début du 20e siècle réputé pour son humour pince-sans-rire, sa mélancolie et sa dérision, mais aussi pour son caractère farouchement solitaire et indépendant.

"Le traducteur cleptomane" est la première nouvelle de ce recueil rédigé aux alentours de 1930 peu avant son décès.

Kornel Esti, personnage central énigmatique qui peut être le héros ou le simple narrateur des anecdotes qu'il raconte, nous propose douze histoires cocasses et déconcertantes. 

Du récit de son ami qui dilapidait sa récente fortune en jouant au "pickpocket", on passe à sa découverte de la "Ville franche" (ville dans laquelle les habitants s'astreignent à ne dire que la vérité frisant parfois le masochisme), en passant par sa conversation improbable avec un contrôleur bulgare dont il ne maîtrise pas la langue, sa rencontre avec l'étrange "président dormeur" : un personnage important de la société allemande, fondateur et organisateur de conférences et de cercles littéraires qui s'endort de façon compulsive dès lors qu'il doit prendre la parole ou écouter ses propres invités.

Esti conclut par l'histoire attendrissante de son chapeau melon et sa découverte d'un hôtel fantastique dans lequel il se perdra...

Des situations absurdes dont se dégage une vision du monde pessimiste et amusée. Un parfum de simplicité, de légèreté, de tendresse sous forme de douce ironie. Une lecture agréable et détendante.

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